Une semaine artisanale (extra) ordinaire à OKA


Il faut tout d’abord rappeler que la production des pains est assurée par le propriétaire boulanger, qui supervise aussi en début de semaine la boulangerie PAIN A TARTINE à Montréal. Que je sache,nous sommes les seuls fous au Québec a avoir une place artisanale en milieu urbain et une autre en milieu rural. Bref en attendant de trouver un artisan boulanger qui accepte de tomber sous le charme d’OKA, il ne sera pas possible d’ouvrir le lundi-mardi-mercredi pendant la haute saison touristique : c’est bien dommage, mais c’est comme cela.

boulanger oka en trompe l'oeil
boulanger d’OKA plus grand que nature

Déroulement de la journée

Le travail commence DONC le MERCREDI par la confection des pétrins, et la mise en place de la pousse de la viennoiserie, cela en 2 heures. Toutes les pâtes sont en pointage retardé, ce qui veut dire que nous les mettons dans une chambre de fermentation pendants quelques heures jusqu’au petit matin.

Le JEUDI VENDREDI SAMEDI ET DIMANCHE, le boulanger arrive à 4h, et commence ainsi sa journée : fin de la pousse de la viennoiserie dans une étuve, division puis façonnage des pains jusqu’à 5h30-6h30. Puis pétrissage des pâtes jusqu’à 7h-8h. C’est le moment de la cuisson pour la VIENNOISERIE, et pour les PAINS qui sont apprêtés. D’abord les baguettes traditions, les pains à sandwichs, les buns, les baguettes spéciales, la pizza et les fougasses,les pains spéciaux puis enfin le pain BISE et les moules du pain PAT. Tout n’est pas prêt pour l’ouverture à 8h30, feignant de boulanger disent dans leur tête les français de passage! (ils sont habitués avoir leur chocolatine à 6h du matin…)

il reste à cuire les grosses pièces mais l’essentiel est la !

L’équipe de vente vient d’arriver, et procède à la mise en place.

Les premiers clients arrivent, ce sont souvent des habitués. Pour le boulanger c’est le moment de faire les quiches, puis de lancer sa pâte à croissant et de taper son beurre : la viennoiserie sera façonnée jusqu’à 11H puis mise crue au congélateurs pour utilisation les jours qui viennent. La mise en place de viennoiseries et le nettoyage de tous les équipements seront terminés aux alentours de midi, fin de la journée de travail.

En plus de la production, il y a aussi différentes taches de gestion.

La vie après le travail

C’est le moment pour le boulanger de diner, faire sa sieste ou un peu de planche à pagaie ou de voile selon la force du vent, nager dans le lac ou bien de faire un golf ou un tennis avec un ami, ou tout simplement prendre son vélo pour rouler en toute sécurité sur la piste cyclable de la route verte. Puis de préparer tranquillement l’apéro tout en contemplant la beauté lacustre, faire une ballade avec le chien, aller à la SAQ parler vin avec cette équipe d’élite, lire les nouvelles du monde souvent si peu réjouissantes, arroser le jardin potager et les fleurs, préparer le souper.

Pendant ce temps à OKA

Sur la rue notre dame (route 344) des centaines de camions de chantier passent, vitesse limite, d’est en ouest, puis repassent d’ouest en est .

La vente a commencé depuis plusieurs heures et toute l’équipe regarde avec attention la fréquentation (des clients, pas celle des camions…) . J’établis nos prévisions de production en fonction de l’historique de vente, mais LA difficulté sur OKA c’est le nombre de clients ! Le MERCREDI et le JEUDI, il nous en manque parfois une vingtaine pour être motivé pour le lendemain (surtout moi…) Cela dit c’est un tel plaisir de travailler avec ses mains une farine biologique du Québec que ce sentiment s’évanouit très vite.

Nonobstant le tremblement et le bruit causés par le trafic sur la rue notre dame…

Notre clientèle à OKA

Notre clientèle c’est la communauté d’oka et des villages environnants, puis celle des gens de passage comme les touristes nature du parc, les cyclistes qui empruntent la route verte, des randonneurs, les voileux de la marina, etc…Particulièrement des gens qui sont a la recherche d’odeur et de saveur. D’ailleurs très souvent la première chose que disent les gens en entrant, c’est « qu’est ce que ca sent bon chez vous « 

Malgré leur grand nombre sur la route 344, il est à noter qu’il est extrêmement rare qu’un trucker de chantier ou un biker ou un poteur s’arrête chez nous…

Bilan des plus de 3 ans

Au bout de trois ans, nous avons su convaincre un certain nombre de personnes que nos produits 100 % farines bios du Québec, en plus d’être beaux et bons et santé, étaient uniques et propres à OKA.

Ce ne sont pas des produits fabriqués en usine en Ontario ou même plus proches, puis congelés précuits ou crus et enfin transportés jusqu’à une enseigne qui vendra la même qualité à Montréal ou à Los Angeles .

Nos pains artisanaux ils sont produits à OKA, c’est notre façon a nous de renforcer l’identité de notre village.

Il nous reste cependant beaucoup de travail pour convaincre les familles que nous sommes compétitifs économiquement, que cela vaut le coup de venir nous voir tous les 2 ou 3 jours plutôt que d’acheter des pains industriels en masse pour la semaine…

Boulanger rêveur

J’ai longtemps rêvé à Montréal que les politiques de la ville soient nos meilleurs ambassadeurs. Mais il faut pas y songer, à leurs yeux nous venons en dernier dans les acteurs économiques bien après la construction ou l’oligopole de la distribution alimentaire.

Pour eux, nous ne sommes même plus nécessaire pour assurer notre mission première : à savoir assurer des services alimentaire de proximité aux résidents. Peu importe que la nourriture vendu par les grandes enseignes soit si peu diversifié, industrielle, et de qualité dont la santé publique fait fi.

Au mieux, nous sommes justes bons a assurer une certaine animation au niveau RdC de la ville de Montréal…

C’est moins vrai dans un village, car nous sommes habitués pour certains d’entre nous à aller voir les producteurs agricoles locaux

Peu de politiques ont compris que nous étions un PLUS alimentaire et culturel dans la cité, essentiel à son identité authentique. Oka est encore une exception pour cela.

Pour finir à OKA

Bien que nous ayons mis une pancarte sur la piste cyclable, sur la clôture d’un amateur éclairé de pain, il nous manque une visibilité sur le quai municipal, ou au niveau du traversier.

Pour que les gens de passage puissent venir nous voir en toute confiance, et repartir chez eux en parlant d’oka comme un lieu de beauté et d’identité Québecoise.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *